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urgence

Si on se fie au TLF, une urgence relève de quelque chose qui nécessite une action rapide. Si cette action rapide n'est pas réalisée, il y a préjudice irréparable. Wikipédia nous définit l'urgence médicale : « La perception de toute situation empirant rapidement, ou susceptible de le faire, sans intervention médicale ou même avec ». On se rend compte de toutes les interprétations possibles dans cette définition puisqu'on y évoque la notion de perception d'une situation susceptible d'empirer. Les limites sont larges. Pour le préjudice, terme qui me semble plutôt appartenir au monde des assurances, quand on connait les débats d'expert pour évaluer lesdits préjudices... Notre confrère Cadoré (professeur) définit l'urgence comme toute situation pathologique qui met en jeu, à brève échéance, la vie de l'animal ou qui peut entrainer rapidement la perte d'un organe ou d'une grande fonction, nécessitant un traitement immédiat. Reste ensuite à relativiser et classer tout ça en urgence absolue ou en urgence relative.

Les problèmes rencontrés en situation d'urgence sont nombreux et ne relèvent pas uniquement d'arguments purement médicaux ou chirurgicaux car la personne malade, ou le propriétaire d'un animal (c'est plutôt ce qui nous concerne, nous autres, les vétos !) n'a pas toujours la réelle notion de l'urgence et de son caractère immédiat. D'autant plus que l'inquiétude liée à la relation avec son animal brouille complètement l'évaluation du problème. Il n'est pas rare de constater le désarroi du propriétaire d'un Kiki, ou d'un Mimi, face à une petite plaie. Alors que le même type de plaie sur son propre avant-bras serait simplement soigné avec un peu de "rouge" et un vague pansement.

On trouve donc des clients qui appellent pour une gratouille "urgente" (si, si, on nous appelle pour ça...) alors qu'un prurit ne cause pas la perte de quelque organe que ce soit, ou qui estiment que les soins sont urgents car eux-même ne seront pas disponibles pour s'occuper de leur animal pendant les 48 prochaines heures. On ne parlera même pas du vaccin urgent la veille du départ en vacances... Inversement, un chat qui semble constipé, un jeune chien prostré qui a déjà vomit 7 fois en une journée, ou un berger allemand dont la morphologie abdominale semble avoir changé relève de l'urgence. Mais rare sont les propriétaires qui en sont conscients (sur ces trois derniers exemples, le véto averti aura reniflé une obstruction urinaire, un corps étranger ou un SDDT).

Pour autant, faut-il prendre en urgence toutes les pathologies animales sous prétexte que derrière un symptôme bénin se cache peut-être une affection grave pouvant entrainer la mort en quelques heures ? Parfois la prise d'otage est flagrante. Ne pas donner un RV immédiat pour retirer une tique sur un chien est parfois assimilé à non-assistance à animal en danger en raison de la possiblité de transmission de la piroplasmose. (à nouveau : si, si, ça arrive).

Le parallèle avec, les "Urgences" de l'hopital amène parfois des incompréhensions. Urgence... il n'est pas rare de relever sur des forums des personnes recherchant un numéro d'urgence parce que le chien boite un dimanche. Au risque de ne pas être d'accord avec certains urgentistes (tant vétos que médecins), il ne faut pas confondre "Urgence" avec unité de soin disponible la nuit et les jours fériés. Heureusement, l'absence d'une sécu pour animaux nous évite d'y ajouter : unité de soin gratuite 24h/24 et 7j/7.

La gestion de la douleur relève-t-elle de l'urgence ? oui bien sûr, d'autant plus que l'animal n'exprime pas sa souffrance. La douleur doit être traitée, mais de là à exiger une prise en charge immédiate quand le pronostic vital/fonctionnel n'est pas engagé, il y a une marge.

Sans entrer dans les détails, dans quelles circonstances peut-on estimer qu'il y a urgence (qu'elle soit absolue, ou relative, le véto jugera à l'arrivée) ? A mon avis, quand il y a un phénomène subit et rapide qui peut être : perte de connaissance ou d'équilibre, hémorragie (petit rappel pas si anodin que ça : du sang, c'est rouge !), traumatisme accidentel (voiture, chute d'un étage) accompagné d'un des signes précédents, une réelle insuffisance respiratoire (animal aux muqueuses bleues ou avec de la mousse qui sort de la bouche ou du nez...), mise-bas avec effort expulsifs vains et violents depuis 15 à 30 minutes, convulsions ininterrompues depuis 5 à 10 minutes (chronomètre en main), ventre qui gonfle, douleur intense entrainant plaintes vocales (avec forte suspicion chez un chat par exemple qu'une patte soit cassée). A mon avis toujours, toute autre pathologie inquiétante, bien que nécessitant des soins rapides ne relève pas de l'urgence avec Georges Clooney qui arrive en hélicoptère.

Prétexter une urgence alors que l'animal est malade depuis une semaine, prétexter une urgence pour une diarrhée avant de reprendre le boulot le midi, responsabiliser le véto sur une éventuelle dégradation de l'état de santé s'il n'examine pas l'animal dans les 2 heures... comme on dit, c'est pas cool. Le chien ou le chat sera pris en charge de toute façon très rapidement dès une demande de prise de rendez-vous. Dans 80% des cas, il est possible d'obtenir un RV chez un vétérinaire en moins de 24h. Il n'est pas logique d'appeler un véto à 10h00 le matin pour un animal gravement malade et d'exiger un RV pour 20h00, alors que la structure vétérinaire est capable d'accueillir le patient dans la journée. Lors d'une réelle urgence, on se débrouille (voisin, ami, conjoint, enfants...) pour amener l'animal le plus rapidement possible (si on ne peut pas et qu'il s'agit d'une pathologie exigeant un traitement rapide, le propriétaire aura beau se donner bonne conscience , se libérer 6 h plus tard ne servira à rien, hélas).

 

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